J’ai retrouvé ce texte rédigé en 2002-2003 il y a presque quinze ans. Je ne pensais pas qu’il n’aurait pas vieilli, alors que moi j’ai bien quinze ans de plus et que l’apocalypse n’est peut-être pas loin… De ce point de vue, je ne suis pas gramscien, Pessimiste de la volonté mais optimiste de la pensée. Parce que c’est tout ce qui nous reste finalement…
Catégorie : œil humoral
Amer
Souvent, las d’être esclave et de boire la lie
De ce calice amer que l’on nomme la vie (…)
Las du mépris des sots qui suit la pauvreté,
Je regarde la tombe, asile souhaité.
André Chénier, Élégies, « Ô nécessité dure ».
Hanté-rieur
Sometimes, je voudrais
Que mon silence soit immédiat
Qu’il hurle toute la négation
Qu’il contient comme une houle
Profonde, qui parfois gémit
Sous la peau
Je veux être
Une flamme
Qui embrase
Ou plutôt, car je suis sage
Une lame
Qui fouille
L’éternité
Être le cri
Qui déchire
La sotte bêtise
Of the Ancient Room
Ce ventre, sans monde
Qui me tient
Nous détruit
Me hante
Nous épuise
Rendre liquide
Comme une ruisselle
L’encens sur la fraternité
La fausse, l’acide
Éteindre l’ennemi intérieur
Les tuer tous
désordre
Forest Veil
« Maintenant je suis maudit, j’ai horreur de la patrie ». Rimbaud, Une saison en enfer
Le voile
La foret
L’un de l’autre
Et le tumulte
Qui s’assèche
Comme roche
Nous reste la peur
Froide comme un sou
La grimace
La foret, désormais,
Est nue, et le voile
Un filet, rêche
Nous restent
Les cendres
La ruine
Les décombres
Le silence
Dans le vent
N’a t-on pas
Commencé
Par la faim ?
Opaque
Sang couleur
Ni beauté ?
30-31 i 2015
Nous, sommes…
Pasolini, toujours me revient de manière lancinante, comme un témoin vivant de la lutte contre le fascisme qui vient, qu’il soit vert, bleu marine ou noir sang.
La morte non è
nel non poter communicare
ma nel non poter più essere compresi
P. Pasolini, Una disperata vitalità
Hier
Il y avait des jours encore où l’œil retrouvait sur cette terre poncée et usée par la familiarité de tant de paumes les escarres et les cicatrices du feu
J. Gracq, Les terres du couchant
Ce demain
Que j’attendais
C’était hier
C’était
Ce n’est plus
Désormais, un souvenir
Ou une trace
Hier,
J’ai arpenté
Par le sable pressé
Et la lumière
Du couchant
Illimité
Hivernal
J’ai, marché,
Et remâché
Rôdé et hésité,
J’ai fais le tour
Rapide, d’un cœur
Qui change certes
Moins vite
Mais j’ai pris la fuite
À la perpendiculaire
Du sous-sol
Une double fuite alors
C’était hier
Un jour sans
Lendemain
Sans faim
Et décédé
Sous mes pas
J’étais hier
Ce qu’aujourd’hui
Je peine
À être
Hier, j’étais à l’ouest
Et jetais le temps
Dans l’ombre noire
Qu’on ne voit pas
Ce dos qui me suit
Quand même
Comme demain,
L’hiver
29 xii 2014-31 i 2015
Sac
Vide
Au bord de tout
Vide au sommeil
A la nuit
Vide de mots
De pensées et de
Évidé de vie
Dévidé nu
Évier vide
Envie d’alter
Et l’autre obvie
Encre sèche
Buvard froissé
Voix raide
Peau rêche
Osseux, adipeux,
Haineux et mort
Vif et vent
(A) sac je suis (un)
Qui se sait
Et se dessèche
Synthétiquement pur
Fibres vides
Sans eau, ni enveloppe
Une variation de l’air
Une corde tendue
Du vide à l’évidence
En passant par levier
Du dégoût
Le goût laid
Du vide
Qu’au bord
Je rumine
23 xii 2014
assassin-e
Puits
Puis vinrent les nappes
Le brouillard et l’eau
Puis vinrent les doigts
Qui battent ls mesure
Puis vint le cœur
Qui bat plus sourd
Puis revint l’infini
Entre les oreilles
Comme un philtre
L’autre énigme
Du temps
Puis revint la nuit
Blanche et sèche
Et la faim, peut-être ?
8 xii 2014