Hier

Il y avait des jours encore où l’œil retrouvait sur cette terre poncée et usée par la familiarité de tant de paumes les escarres et les cicatrices du feu
J. Gracq, Les terres du couchant

Ce demain
Que j’attendais
C’était hier

C’était
Ce n’est plus
Désormais, un souvenir
Ou une trace

Hier,
J’ai arpenté
Par le sable pressé
Et la lumière
Du couchant
Illimité
Hivernal

J’ai, marché,
Et remâché
Rôdé et hésité,

J’ai fais le tour
Rapide, d’un cœur
Qui change certes
Moins vite

Mais j’ai pris la fuite
À la perpendiculaire
Du sous-sol

Une double fuite alors

C’était hier
Un jour sans
Lendemain
Sans faim
Et décédé
Sous mes pas

J’étais hier
Ce qu’aujourd’hui
Je peine
À être

Hier, j’étais à l’ouest
Et jetais le temps
Dans l’ombre noire
Qu’on ne voit pas
Ce dos qui me suit

Quand même
Comme demain,
L’hiver

29 xii 2014-31 i 2015

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Sac

Vide
Au bord de tout
Vide au sommeil
A la nuit

Vide de mots
De pensées et de
Évidé de vie
Dévidé nu

Évier vide
Envie d’alter
Et l’autre obvie

Encre sèche
Buvard froissé
Voix raide
Peau rêche

Osseux, adipeux,
Haineux et mort
Vif et vent

(A) sac je suis (un)
Qui se sait
Et se dessèche

Synthétiquement pur
Fibres vides
Sans eau, ni enveloppe
Une variation de l’air

Une corde tendue
Du vide à l’évidence
En passant par levier
Du dégoût

Le goût laid
Du vide
Qu’au bord
Je rumine

23 xii 2014

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Narcose

Do you remember the daze ?
GusGus, Crossfade

Essuie le sang
Celui qui descend
De l’index, sur ton visage

Respirez lentement
Sous le flot
Onctueux et sévère
Des yeux clos
A la commissure finie

Au pli de l’âme
Qui a débuté
Mon sommeil

Qui l’a aussi coupé
Qui l’a effaré
Et qui le fait aussi rôder

Car je sens le ressac
Vermeil et parfois tiède
Sous la pierre, entre ses yeux

Qui sont bleus, noirs ou vieux
La lie du calice, le couteau
Qui m’empêche de sombrer

19-22 xii 2014

Eux

C’est comme si
Ils me regardent

Mes mains, pourtant
Sont sur eux

Mais je continue
A les voir peser

Je ferme les yeux
Je veux dormir

Dans mon sommeil
Ils me regardent

A l’intérieur
Derrière les paupières
Je les vois
Insensibles

Eux me regardent
Et descendent jusqu’au sang
Soudains tendus dans l’arc

Halluciné, je les perds

Ils ne s’offrent pas
Mais pèsent
Sur ma voix

Cendres de rose
Terre amère
Je les revois…

4-6 xii 2014