Chocolat

Mais les eaux brunes du regard
Où dort le bruit de la mer
La terre fauve au fond des yeux
A. Pieyre de Mandiargues, Fleur du Japon

Ce soir j’ai cédé
Au plaisir suffoqué
De la pâte brune
Solide comme l’agrume

Cette nuit j’ai froissé
Tant de fois ma langue
Pour mieux y céder
En fondre la gangue

Que demain j’écrirai
Les mots de ma faim
De mes yeux blanchirai
Les vestiges d’airain

Et plus tard je saurai
Peut-être nommer
La saveur brune

De cette brume
Des lèvres articuler
Son souverain délai

16-27 iii 2008

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concaténation

Mélancolie ou nostalgie, je n’arrive pas à finir des travaux d’écriture. Et voilà que j’explore l’envers de ma mémoire blogienne, tous ces billets, toutes ces bribes ébauchés, tous ces brouillons commencés, parfois oubliés, lassés par la ductile chair du temps.

vie en morceaux

doigts bleus
lèvres vitrifiées
[28 aout 2009]

*

Détaché
Allongé sous la pluie
Invisible des souvenirs

J’entends la musique
M’hérisser la peau
Submerger ma voix

Battre la morsure
A l’équerre
[26 aout 2009]

*

Je voudrais écrire
Comme un filet de sang
S’étale sur le sable gras

Mais le temps me boit avant.
[26 avril 2009]

*

Derrick L. Carter – While Corey Slept…
[5 février 2009]

*

L’encens de l’absence

[18 décembre 2008]

*

« On pourrait comparer la pensée à un lourd nuage qui déverse une pluie de mots » écrit Lev S. Vygotski dans Pensée et langage
[4 décembre 2008]


*


Je ne pensais pas annoncer avec le bleu précédent ce billet pour un hommage volontairement décalé aux Poilus de la Grande guerre, dont on ne cesse d’occulter les prosaïques raisons pour en exalter la grandeur d’âme de ses victimes « consentantes » nous affirme t-on doctement. La « Fleur au fusil » est encore et toujours présentée comme une évidence, qui aurait saisi le peuple, assoiffé de vengeance contre l’ennemi prussien. Il faut évidemment (re)lire les saisissants albums de Jacques Tardi Adieu Brindavoine et La fleur au fusil

[11 novembre 2008]

Quand


Quand je tourne
Au coin de la bouche
J’entends à nouveau
La caresse
La chute des seins
Le creux qui vient
Nu comme l’épaule
Le pli de l’amende
La voix du sang
Perpendiculaire
Avide du souffle
Chaud des paupières
Dont bruit le fard
Je dévore ses lèvres
Quand je pose les mains
Tout autour de tes yeux
J’ai oublié
Debout, je rêve
Sous la pluie horizontale
De grands regards
Où je m’évade et me tais
8-10 x 2009