Mois : février 2009
sensible
Nuage
J.–L. Murat, Démariés (Taormina)
Ma main flotte
Au-dessus de l’océan
Moite d’un désir rare
Elle est lourde
Comme un nuage
Affaibli de son exil
C’est elle qui porte
Le poids du regard
La mousse, le sel
Et sang noir
Car je suis les larmes
La démence électrique
La mantille réglisse
Du néant qui s’efface
Le temps nu
Qui me noie
Au firmament
De l’aréole triste
Je ne suis
Qu’un fil
Qui me pique
4-6 fév. 2009
« La foule immense où l’homme est un ami » (P. Éluard)
Requis par l’exigence de conclure un travail universitaire, une thèse, je suis un peu â côté, latéral. Je ne puis donc me totalement me fondre dans la houle que je vois se lever, cette foule immense, où l’homme n’est pas encore un ami comme l’espérait Éluard dans La puissance de l’espoir, mais une foule qui construit patiemment sa fraternité, qui apprend à se connaître pour mieux s’embras(s)er Aussi ai-je l’impression, et la certitude au fond, de modestement incarner ce temps, si honni par le petit Nicolas et sa bande, d’authentiques terreurs assurément, d’incarner donc ce temps libre, ou mieux ce temps libéré pour la lecture et l’écriture, cette liberté du temps pour désécrire aussi, pour revenir sur ce qui a été écrit ou lu, pour marquer ce chemin comme étant, provisoirement peut-être, une impasse.
Bref, je me dis que je participe à ma façon, dans ma retraite, à la résistance contre cette eau glacée comme l’égoïsme de la normalisation libérale, cette rapacité qui n’entend que la performance et la croissance, cet autoritarisme de la vie triste de ceux qui veulent digérer le monde dans le fétichisme.
Hasta…
—————- New Order – Ultraviolence
S|C-oma
c’est une reptation sur place, visqueuse et usante
E. Bloch, Traces, « Dormir »
Désemparé, ouvert
Au silence tenu
De la nuit fraîche
Où flotte quelque sombre fleur
De la neige sans flocon
Désemparé de l’eau claire
Et de la lumière un peu vieille
J’entends que s’apure
Ma peau dans la chaleur étroite
Cette veine de sang chaud
Et sec qui serpente
Resté sur la grève
Mon dos s’endurcit
Et se heurte au sillon
Qui me tient
Au néant vulnérable
J’ai un dos qui
M’encombre
Et me plonge
Dans la peine
L’ombre de l’eau
Que je me plie
Et me fonde
Dans l’aplomb
Vertical de mon sillon
Que je me scelle
Dans le sommeil
30 i-2 ii 2009